24 (AOÛT) – LA TITE FACE BEGINS

La Tite Face est illustrée par une sirène qui flashe ses boules pour attirer l’improbable, l’inattendu, l’inespéré tant espéré, dans une boite magique qui sert moins à enfermer qu’à révéler le hapax, ce qui ne se produit qu’une fois, dans un angle précis de l’univers, l’espace d’un instant.
Cette créature fantastique et fantasque est un hybride entre deux mondes, et elle se trouve être à la fois le pont et l’écartèlement entre les passions et les moyens pragmatiques d’y vivre. L’exploration amoureuse des eaux profondes lui est aussi vitale que de garder les deux pieds sur terre. La plus haute fièvre des sens tente une aventure dans les zones de profonde lucidité, tente la difficile et nécessaire intelligence entre le corps, le cœur et l’esprit.
Créature résolument solaire, elle est en constant dialogue avec la lune, son amie la plus intime et la plus nocturne, astre de l’intuition, de l’instinct, du travail créatif et des blessures cachées.
Son chant doux et rauque a pour effet d’attirer les marins qui s’étaient égarés dans des eaux stagnantes, et les ramène à des mers d’encre agitée et écumante, certes plus propices à la créativité, à un surplus d’effort et de vie.
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24 (FÉVRIER) – LA TITE FACE THE END

Fais attention, marin. Si tu la fâches ou la déçois, si tes ardeurs se transforment en habitude et que plus rien de fécond n’émerge… si tu deviens distrait de toi-même, si tu désertes ta présence… elle replongera, sans regarder derrière, dans son refuge, dans les eaux glaciales où un cœur humain ordinaire ne survivrait pas.
Tu t’apercevras, matelot, que cette créature a de la parenté chez les anguilles et que, si elle t’a électrisé à coup sûr, elle est aussi source d’électrochocs sévères. L’électricité est le résultat d’une tension entre deux pôles. Ici, une façon nette et rigoureuse d’envisager ses relations avec les vivants et les morts, de même que des actions instinctives et sans retour. Si elle te quitte, alors désespère complètement : vous qui sortez d’ici abandonnez tout espoir. Ne t’attache pas à elle. Attache-toi plutôt comme Ulysse à un mat solide, comme un christ à sa croix, ferme les yeux, écoute le bruit de ton cœur qui se glace, qui craque en se déchirant, qui brule, qui tombe en cendres tièdes et qui renait comme le phénix, pour se glacer et bruler encore, et ainsi de suite, jusqu’à ce que, épuisé, tu ne résistes plus. Là, tu peux entendre et comprendre le sens du chant du phénix mêlé à celui de la sirène, entendre la leçon qui y est contenue.
Là, brûlé d’amour et de peine, tu la remercieras pour cette naissance. Et tu reprendras le large. Il serait plus sage de ne pas te retourner. Tu te calcifierais probablement comme une bouteille en sel à la mer. Pour ton malheur comme pour ton salut, tu es une bête d’espoir.